3 décembre 2014 10h39

Jean-Pierre ♫
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

"La vie dans un pays en crise ressemble à la vie dans un pays en guerre", écrivez-vous. La formule a de quoi choquer. Pourquoi une telle comparaison ?

Même si l'on ne vit pas dans une zone de combat, on peut ne jamais se sentir à l'abri. La crise économique a enfanté une crise psychologique dont personne ne parle. Pis : on fait comme si elle n'existait pas. Alors que la situation sociale actuelle engendre des souffrances qui ne sont pas liées aux caractéristiques des personnes ni à leur histoire, mais aux conditions de vie dans lesquelles elles se débattent et qui peuvent venir à bout du psychisme le plus solide. Il faut le dire : il existe une pathologie spécifique issue de la crise, qui se surajoute aux pathologies individuelles et atteint des mécanismes vitaux de l'individu.

Claude Halmos: "La crise a enfanté une crise psychologique" – L'Express

3 décembre 2014 14h18
modifiée
3 décembre 2014 14h44

lurette
la comparaison est excessive, quand même , et puis tout dépend du niveau de la crise.
Qu'elle ait un impact psychologique général, ça, c'est certain.
Mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes .. en guerre, on craint pour sa vie, et c'est une peur très concrète basée sur des faits on ne peut plus tangibles.
C'est la peur du présent.

La crise, c'est la peur de l'avenir, tel que dépeint dans l'article !
L'angoisse du chômage, de la dévalorisation, donc aussi dépression latente, est un tout autre phénomène que celui de la guerre. Réel aussi, et pas du tout négligeable, bien sûr, et à ne pas négliger, alors qu'on l'entretient ! mais dans lequel une grosse part d'anticipation ou interprétation personnelle (comment on va me voir) rentre en jeu, poussées par les discours ambiants sur la valeur travail.
Dans l'article, d'ailleurs, seuls le regard et la culpabilisation sont pris en compte comme vraies peurs par l'auteur, mis à part un bref intermède sur les suicides au travail.
Aucun mot sur la vraie pauvreté, les SDF, etc.. soit les conséquences concrètes et palpables de la crise, sur la vraie peur de pas pouvoir son chauffage et se cailler tout l'hiver..

Si guerre et crise engendrent les 2 des sentiments collectifs, la comparaison est très incorrecte, à mes yeux, et même indécente. Si elle trouve que "La vie dans un pays en crise ressemble à la vie dans un pays en guerre", qu'elle aille vivre qq temps en Syrie ou Centrafrique..

3 décembre 2014 15h18

Jean-Pierre ♫
Bien entendu, la comparaison est excessive. Cela dit, l'ouvrage de cette dame a le mérite de lever un voile très épais. Je te convie à écouter cette émission où elle s'exprime plus en détail :

http://www.franceinter.fr/em...

3 décembre 2014 19h48

sourire
Promenez-vous dans les rues des capitales et vous verrez que cette dame a raison!
Visages fermés, voire butés, presque haineux ou tristes comme les arbres l'hiver, sans feuilles, sans sève! Même ceux qui ne souffrent pas trop de la crise économique sont atteints par cette crise psychologique, inquiets pour demain, inquiets pour leurs enfants,inquiets de tout et de rien.
Je partage le raisonnement de Claude Halmos même si je ne suis pas atteinte par le virus de la déprime.

3 décembre 2014 22h00

Segel
Ca fait depuis les années 1970 que j'entends dire que c'est la crise.
Ne faudrait-il pas trouver un autre mot pour désigner ce qui est devenu notre norme de vie ?

La logique à l'oeuvre de "fin du travail" ne peut avoir d'autre conséquence que le chômage de masse, mais je sais bien que peu d'entre vous me suivent sur ce sujet. Et pourtant les conséquences sont déjà là depuis longtemps. Et les mêmes causes étaient déjà à l'oeuvre dans les années 1920 ... à l'époque résolues par la guerre et pas le consumérisme. Peut-on recommencer ?

Vivre dans un pays en guerre, ce n'est pas quelque chose dont on peut forcément se sortir par ses propres moyens.

Vivre dans la crise par contre ... faut voir.

3 décembre 2014 22h35
modifiée
4 décembre 2014 11h15

lurette
JP, je l'ai entendu ce matin cette émission.
je n'ai pas dit que la crise ne créait pas un syndrome collectif, tout au contraire.
Mais le parallélisme avec la guerre est plus qu'excessif, indécent, à mes yeux, un total manque de respect et de minimum d'empathie pour ceux qui la subissent.
Moi, la crise, je fais partie de ceux qui la subissent le plus de plein fouet, économiquement. Je fais partie aussi, à l'inverse, des rares pour qui le chômage n'est pas synomyme d'office de fin du monde et de malheur ultime. Très loin d'être une panacée, pas enviable et handicapant à de multiples niveaux, certes ! Mais jamais je ne me permettrais de comparer mon sort à celui d'une Syrienne ou d'une Centrafricaine.
Un voile, je n'en vois pas, de voile. je trouve justement que le malaise de la crise, de la peur du chômage, etc.. est tout sauf caché, mais au contraire est très affiché.
Qu'on ne s'y trompe pas, je ne sous-entends pas du tout que c'est ni anodin, ni de la pleurnicherie.

Mais enfin, il serait peut-être temps de voir les choses autrement, d'apprendre aux gens, non seulement à se déculpabiliser, mais à pouvoir le vivre malgré tout autrement que uniquement comme un désastre ?
Et pas par complaisance, pas parce que "c'est pire ailleurs faut rien dire" mais simplement pour en tirer le meilleur profit possible, non seulement pour mieux vivre le présent mais pour forger un avenir, qui ne dépendra forcément de la seule valeur travail.
Je sais, c'est pas gagné, y a du boulot..

4 décembre 2014 11h36

Jean-Pierre ♫
C'est précisément la vocation de ce livre : libérer une parole pour aider à dépasser cette situation :

Ceux qui subissent cette situation, les "invisibles de la peur", comme vous les appelez, pourraient témoigner, eux...

Ils ont beaucoup de mal, car ils ont honte de la culpabilité et du sentiment de vulnérabilité qu'ils ressentent. Ce qui permet à ceux qui pourraient faire connaître ces peurs, mais qui ne le font pas, de justifier leur silence. Chez les moins touchés, l'objet de l'angoisse est imaginaire, mais celui de la peur est bien réel.

5 décembre 2014 15h33

sourire
Je sais, c'est pas gagné, y a du boulot.. Oui il y a du boulot mais n'oubliez pas "Impossible n'est pas français"Il faut que chacun pense "qu'il voit la fin du tunnel" et non pas qu'il pense "et c'est le début du tunnel" . Tout le monde a peur et il faut sortir de cette peur sinon, on s'enfonce.
désolée de ramener cela à moi . J'ai eu de très durs moments dans ma vie, j'étais au creux de la vagueet je n'avais plus rien Pas même pour me payer un café, plus de meubles, plus d'amis, plus de mari maus j'avais ma fille. Je m'en suis sortie sans aucune aide extérieure uniquement en m'accrochant à la vie que mes parents m'avaient donnée ( et je l'avoue humblement, à ma foi)
il serait peut-être temps de voir les choses autrement, d'apprendre aux gens, non seulement à se déculpabiliser, mais à pouvoir le vivre malgré tout autrement que uniquement comme un désastre ? OUI , à 100% c'est laseule solution pour s'en sortir sans séquelles.

5 décembre 2014 17h54

lurette
Il faut que chacun pense "qu'il voit la fin du tunnel" et non pas qu'il pense "et c'est le début du tunnel" .
Surtout que chacun se rappelle qu'un tunnel, c'est un passage, et pas une impasse.. qui permet de se rendre là où, sans lui, on n'aurait jamais pu (où l'idée)d'aller.

5 décembre 2014 18h46

sourire
Merci Lurette! c'est ce que je voulais passer comme message.
Ceci dit, c'est à double sens notre magistrale explication!

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