23 août 2011 19h39

R.WOLF
Pourquoi la spéculation sur le prix des denrées alimentaires n' est-elle pas considérée comme crime contre l' humanité?

C ' est une question que je m' étais déjà posée, je suis très étonné que ce genre de débat n' apparaît pour ainsi dire jamais. Je viens de l' entendre (cette question) de la bouche d' une auditrice sur Fr Inter.

23 août 2011 20h41

gonzo
c'est parfois évoqué, mais reste du domaine du tabou.

faut pas en parler trop fort, ça risque de faire grincer des dents.

23 août 2011 22h17

Segel
C'est du pur Ziegler dans le texte ta question.
J'abonde of course.

23 août 2011 23h12

R.WOLF
Ziegler est l' un des seuls à dénoncer ce genre de choses.
mais tout le monde dans l' abrutissement ordinaire de ne même pas y penser (à quoi ça sert?) ; 1 Coca-Cola vaut deux vies humaines et nous nous y sommes résignés (chanson des années septante).

bonne nuit tous ;-)

23 août 2011 23h17

Segel
La question de la faim fut historiquement le principal moteur de mon indignation.
Un enfant meurt toutes les 5 secondes, et on pourrait l'éviter.
Autrement dit cet enfant est assassiné.
Assassiné par Danone, Nestlé, Coca, Pepsi, etc.
Assassiné par le système de leurs actionnaires qui nomment un PDG pour être inhumain.
Assassiné par tous ces "actionnaires" qui ne voient pas les conséquences de leur simple envie de faire fructifier leur placement ...
Parmi ces actionnaires il y'a certains fonds "publics" qui sont donc des parties de l'état sensé nous représenter.

Nous sommes donc coupables.

24 août 2011 10h01

jamydefix
Ils commenceront à parler d'interdire ces spéculations, quand seront mort de faim quelques centaines de millions d'humains.

24 août 2011 10h17

Segel
On n'abattra pas la spéculation sans remettre en cause la propriété privée.

A l'écocentre, j'ai assisté à une conférence sur la constitution d'un écohameau.
Ils ont voulu éviter la spéculation.
Après de nombreuses réunions, ils ont convenu du fait d'être tous locataires d'une SCI propriétaire, seule façon de garantir l'absence de spéculation.

Appliquons donc le concept de "propriété collective" ...

24 août 2011 12h25
modifiée
24 août 2011 12h34

R.WOLF
@ Segel ; Nous sommes donc coupables.

être coupable (ou se sentir coupable), soit. j' ai appris que j' étais avant tout mon propre bourreau, ou encore, si le HIV a décimé en Occident du moins, la communauté homosexuelle, c' était entre autres à cause de la culpabilité latente (et inconsciente) qui habitait chacun de ses individus.
il faut oser se dire parfois qu' on est un monstre, soit, et passer à quelque chose de plus constructif.

ceci dit, et paradoxalement, je ne me sens pas, ou n' ai pas à me sentir coupable de ce qui n' est pas de mon ressort ; déjà le contrôle sur ma vie je ne l' ai pas, alors ce qui se passe à des milliers de kilomètres de chez moi encore moins.

je dirai au final, coupable, oui, pas coupable tout autant.

on peut ici rejoindre es sujets comme le colonialisme ou l' antisémitisme d' ailleurs ; je n' ai pas à me sentir coupable de ce que d' autres on fait.
et je suis aussi convaincu que si j' avais vécu sous un régime de terreur comme le nazisme, j' aurais sans doute fermé ma gueule, n' ayant pas beaucoup d' autre choix.

assumer, c' est regarder faits et choses en face, pas de faux-fuyants.

se sentir responsable sans se sentir coupable et agir dans ce sens, seule chose à faire ; s' écrouler sous le poids de la culpabilité ne sert à rien, absolument à rien.
faire différemment ou au moins n' être pas d' accord est aller dans le bon sens, mais surtout faire plutôt que parler.

24 août 2011 12h37

Segel
Le chat est-il coupable de chasser la souris ?
N'est-ce pas précisément notre animalité qu'il convient de surmonter ?
Et plus particulièrement nos comportements de prédation ?

Comme je l'évoquais à l'Ecocentre lors d'une conférence sur les villes en transition :
Peut-on en vouloir aux super banquiers d'être des prédateurs si dans le même temps nous envoyons nos enfants en école de commerce pour leur apprendre à devenir de bons prédateurs ?

24 août 2011 12h44
modifiée
24 août 2011 12h54

R.WOLF
accepter ses défauts est le premier pas pour les corriger.
et effectivement chercher des boucs émissaires ne sert à rien.

et en ce sens nous devrions être éduqués à avant de construire, ne pas nuire. n' oublions pas que les Indiens étaient plus pragmatiques ; Vishnou conserve, Shiva détruit, Brahman réunit les deux et bien au-delà de la dualité.
ceci rejoint donc la philosophe et donc la réponse n' est pas simple.

24 août 2011 12h51

Segel
Fukuoka va très loin dans ses considérations sur l'homme, la nature, et l'alimentation.
Selon lui, l'homme croyant s'approprier de la nourriture ne fait que recevoir un don de la nature.

Si on suivait les principes de Fukuoka, la faim et l'alimentation deviendraient des non-sujets.

24 août 2011 12h56

R.WOLF
dans le même ordre d' idée, j' ai souvent trouvé de l' argent quand j' en manquais, ceci de façon fortuite.
nous nous sommes placés au centre de l' Univers, ce n' était pas une très bonne idée.

24 août 2011 13h04

Segel
L'homme est dérisoire.
Les actions de l'homme sont dérisoires.
Nous reproduisons les schéma anthropocentriques des obscurantistes du moyen age.

24 août 2011 13h27

R.WOLF
ma mère est décédée pendant tes vacances ; en un instant j' ai compris le sens de la vanité d' une vie.
ce qui n' empêche que pour moi chaque jour la vie à des allures de guerre.

en camp retranché s' entend, vampirisé que je suis actuellement par cette put*** de santé.

nous avons ceci dit construit (ou aligné) nos perceptions sur un temps linéaires, nous en avons oublié les cycles qui se reproduisent, se redéploient et recommencent ; nous avons perdu la sagesse.
pas grave, nous la retrouverons (sans doute) ; sans elle pas de vie. il suffit de voir ce qui a lieu actuellement.

24 août 2011 14h26

Segel

On est bien peu de choses.

(RED je t'ai envoyé un MP)

24 août 2011 15h58

R.WOLF
je t' ai répondu. ;-)

24 août 2011 16h46

Segel
Fukuoka, à travers son agriculture du "non agir", agriculture naturelle, voire agriculture sauvage, développe une vision de la place de l'homme dans la nature qui fait beaucoup relativiser l'importance de son action.

Il démontre l'anthopocentrisme de nos sociétés modernes.
Nous ne sommes que des poussières d'étoile ... rien de plus.

24 août 2011 18h07

R.WOLF
La montée des prix des céréales de base est un autre des éléments désignés comme détonateurs des famines dans la Corne de l’Afrique. En Somalie, les prix du maïs et du sorgho rouge ont respectivement augmenté de 106 et 180% par rapport à l’année dernière. En Ethiopie, le coût du blé a augmenté de 85% par rapport à 2010. Et au Kenya, la valeur du maïs a augmenté de 55% en un an. Des hausses qui ont rendus ces aliments inaccessibles.

http://www.cadtm.org/Quelles...

24 août 2011 18h38

Segel
A ces prix là, je ne comprends pas ce qui empêche ces gens de produire eux-même, quitte à vendre ensuite pour gagner de l'argent.

Les bras sont disponibles ... dans les bidonvilles.
Seule la terre manque.

En fait il y'a un phénomène de dépendance aux marchés agricoles qu'il faudrait enrayer en ré-instaurant les cultures vivrières locales.

Ma belle soeur travaille pour une ONG qui fait précisément cela à Madagascar.


Entre le "tout faire soi même" et le "tout acheter" il faudrait un juste milieu.


Et puis, avec la permaculture, on envisage même de produire dans les villes.
Songez à tous ces gens qui tondent leur pelouse.
Si on cultivait 10% des ces surfaces ... le problème serait résolu.
Songez à tous les arbres qu'on plante ... pourquoi ne sont-ils pas des arbres fruitiers ?

La faim est voulue.

24 août 2011 19h35

R.WOLF
les bidonvilles sont souvent composés de gens .. chassés des campagnes (guerres, famines, sécheresse).

il n' y a pas si longtemps (années soixante), beaucoup de gens vivant en ville, du moins dans les classes populaires, avaient un petit potager dans leur jardin.

24 août 2011 19h58

Segel
En 2008 on a franchi un cap : plus de 50% d'humains vivent en ville.

24 août 2011 21h33

R.WOLF
et quelles villes!

24 août 2011 21h36

Segel
Mais bon ... on va leur transformer leurs villes.
Des potagers partout.

Fukuoka explique qu'avec le régime riz-complet/céréales d'hiver, un demi hectare suffit à nourrir une famille.
Ce chiffre est multiplié par 10 si la famille mange de la viande.
Ce chiffre est divisé par 10 si la famille mange des insectes.
Bon ... sans aller jusque là !!!

24 août 2011 22h19

abra
RED 10 étoiles pour avoir lancé ce débat.

Spéculer sur la vie ou plutôt la mort des gens est monstrueux. Placer l'argent au-dessus des vies m'écoeure au-delà de tout. C'est l'abandon de toutes les valeurs qui forgent notre humanité, le respect des autres.

Mais si je me sens un peu responsable puisque je participe malgré moi à cette tuerie en faisant mes courses et en achetant quelquefois des produits qui ne sont pas vraiment indispensables, je ne me sens pas coupable : je ne spécule pas, je ne pars pas voler les terres ou les matières premières en Afrique.
... et je ne mets pas en pratique les conseils de Segel ! Végétarienne sans problème, les insectes en revanche beurk !

24 août 2011 22h23

Segel
Mais ... c'est quoi au juste spéculer ?

J'ai une copine artiste, qui vient de revendre son appartement qui a doublé de prix en 3 ans.
Est-ce de la spéculation ?

24 août 2011 22h30

abra
Tu coupes les cheveux en quatre.

Si ta copine réalise une plus value sur la vente de son appart, ça ne fera mourir personne de faim, ou alors tu m'expliques comment.
En revanche, spéculer sur des denrées alimentaires a des répercussions immédiates sur les famines dans le monde.
Der Spiegler, journal allemand titrait en 2008 d'"une avidité mortelle".
http://www.mondialisation.ca...

24 août 2011 22h38

Segel
Non je ne coupe pas les cheveux en quatre.
De petits profits anodins réclamés à un bout de la chaine par de nombreuses personnes aboutissent à des comportements criminels par quelques PDGs de multinationales (qui ne font rien d'autre que leur boulot) à l'autre bout de la chaîne.

Si on n'a pas compris ça, on n'a rien compris.
Il n'y a pas de gentil ou de méchant dans l'histoire.
Le vice est dans le système lui-même, nulle part ailleurs.
Et ce système nous le soutenons souvent, la plupart du temps sans le savoir.

24 août 2011 23h14

abra
Tu es trop catégorique.
Même si chacun peut apporter sa pierre à l'édifice, le monde dont tu rêves n'existe pas (encore).

Si on appliquait ces principes à la lettre, on ne ferait plus rien aujourd'hui de peur d'alimenter les comportements criminels dont tu parles.
On ne peut pas vivre sans rien tenter, on fait partie du système en place. A moins de vivre en complète autarcie, on contribue à le maintenir. Mais rien n'empêche de le miner de l'intérieur.

24 août 2011 23h20

Segel
Abra, je ne te comprends pas.
En quoi trouves tu que je sois catégorique ?
Quels sont les principes auxquels tu fais référence ?
Je n'ai jamais parlé de "vivre sans rien tenter" ... ou alors je me suis mal exprimé.
C'est un sujet qui me tient à coeur depuis des années.
Merci de préciser STP.

25 août 2011 13h18

R.WOLF
je n' arrive pas à vous lire présentement pour cause d' hypotension, dans le même ordre d' idée, on pourrait se demander pourquoi l' Afrique et ses habitants continuent à nous servir de cobayes pour tester des remèdes contre le HIV ; tout ça nous semblant normal.

25 août 2011 14h38

Segel
PEut être, tout bêtement, parce que c'est là que le HIV fait le plus de victimes, et qu'il est donc le plus facile de recruter des volontaires, à un coût sans doute plus bas.

Ca coûte extrêmement cher une étude clinique.
Je ne vois aucun inconvénient à accélérer leur déroulement par ce moyen.

Tout médicament requiert des "cobayes" comme tu dis.

25 août 2011 20h09

abra
RED soigne-toi bien, l'hypotension je sais pas si on peut y faire quelque chose, j'ai une amie comme toi, quelquefois elle est prise de vertiges et tombe . L'avantage c'est que ton coeur est moins sollicité, tu vivras vieux

Concernant le SIDA, j'ai entendu ce midi que Montagnier récusait les traitements rétroviraux en mettant en avant les médecines douces et une alimentation saine. Est-il devenu cinglé ou embrigadé dans une secte ? Ou bien laisser crever l'Afrique semble le plus plausible.

Segel, je ne trouve pas les bons mots et c'est crucial pour parler. Je m"embrouille et ne suis pas claire. De ton côté ton discours est limpide, tu sais où tu veux en venir, je comprends très bien ton cheminement de pensée. Mais mettre sur un pied d'égalité un le PDG de Nestlé ou ta copine au niveau des répercussions de leurs actes, je ne suis pas d'accord. Un seul des deux sait réellement qu'il brade la vie des gens pour le profit d'une caste. L'autre réalise un bénéfice qu'elle redistribuera peut être équitablement pour de bonnes causes qui sait ?
Le vice est dans le système lui-même, certes mais nous aussi. Lorsque tu manges ou que tu roules ou que tu t'habilles, tu le nourris. Même sans faire de profits petits ou gros, tu le fais vivre.

25 août 2011 20h39

Segel
Abra si le PDG de Nestlé ou ma copine ne sont pas à mettre dans le même sac, ce que je veux bien admettre la question qui m'intéresse est alors où places tu la limite ?

25 août 2011 21h31

abra
Je ne sais pas, là où elle me paraît acceptable. Le curseur se positionne différemment selon les gens.
Je sais simplement que ma conscience ne m'autoriserait pas à commettre des actes dont je saurais qu'ils portent directement préjudice à quiconque.
Je crois (sans aucune vanité) être une bonne personne. J'aime les contacts humains, j'aide dans la mesure de mes possibilités, je refuse de placer les gens dans des catégories.
Mais je te retourne la question : échappes-tu totalement au système dans lequel on vit ? Est-ce possible ?
Ensuite, que chacun avec ses convictions fasse en sorte de défier ce qu'on nous impose et cherche le moyen d'accéder à un mode de vie plus conforme à ses aspirations est déjà une façon d'aller dans le bon sens.

25 août 2011 22h18

R.WOLF
@ Abra ; on a écouté la même émission alors. c' est devenu un peu moins pire sur France inter depuis la rentrée, cet été ils ont battus des records.

26 août 2011 09h24

Segel
@Abra
Le curseur se positionne différemment selon les gens.
C'est subjectif alors ?

Je sais simplement que ma conscience ne m'autoriserait pas à commettre des actes dont je saurais qu'ils portent directement préjudice à quiconque.
Et si tu ne le sais pas, parce qu'on t'occulte les conséquences ?

Je crois (sans aucune vanité) être une bonne personne.
J'aime les contacts humains, j'aide dans la mesure de mes possibilités, je refuse de placer les gens dans des catégories.

Pourquoi te places tu toi-même alors dans la catégorie bonne personne ?

Mais je te retourne la question : échappes-tu totalement au système dans lequel on vit ? Est-ce possible ?
Non ET non.
Même Hélène sur son ile serait victime d'un nuage de Tchernobyl s'il arrivait poussé par les vents ... s'enfermer dans l'autarcie n'est pas la solution (je n'ai pas prétendu que c'était ce que faisait Hélène).

Ensuite, que chacun avec ses convictions fasse en sorte de défier ce qu'on nous impose et cherche le moyen d'accéder à un mode de vie plus conforme à ses aspirations est déjà une façon d'aller dans le bon sens.
Et ben voilà ... nous sommes d'accord.
Il ne s'agit pas de faire culpabiliser qui que ce soit.
Juste d'accepter la réalité telle qu'elle est, avec lucidité, dans toute sa complexité.
Et surtout, savoir rester positifs !

26 août 2011 10h49

Hélène
Je ne suis pas en autarcie, un pied dedans un pied dehors.
La planète est déjà totalement irradiée (les nombreux essais n'auraient eu aucun impact pendant plus de 50 ans????? mouais...)

Et en ce qui concerne l'alimentaire, j'ai la chance de connaitre pas mal de plantes comestibles, ça peut me permettre de survivre (dépend du lieu où je vis)

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